Je sais, elles datent un peu ces "notes".
Et je zute ceux qui trouvent que je n'aime rien et que je dis trop souvent "je" :x :)
Nous sommes la veille de Noël ; je suis dans le train ; midi sonne ; j'écris.
Je n'aime pas ça.
Je n'aime vraiment pas ça.
C'est maintenant le quatrième, je devrais, je pourrais m'y habituer à force.
Je n'aime toujours pas ça.
Il y a eu la nuit, la dernière, où je m'endormais sereine, un peu
difficilement, mais confiante. Confiante dans le lendemain, espérant me
réveiller fraiche et dispo, prête à profiter pleinement d'une dernière
matinée.
J'ai envie de soupirer. Envie d'évacuer ce noeud qui
commence à s'installer dans ma poitrine. Mais je ne veux pas te
troubler. Je ne veux plus déranger cette paix du sommeil qui s'apprête
à prendre possession de nous.
J'essaie de toujours prendre le temps
de t'écouter plonger dans ce sommeil avant moi. Ecouter ta respiration
devenir de plus en plus profonde, devenir ronflement, léger d'abord
puis de plus en plus sonore, tandis que tes membres sont agités de
soubressauts. J'ai la vague impression que tu te débâts contre le
sommeil qui t'envahit... A moins que tu ne te débâttes pour
l'atteindre... Peu importe, tu t'apaises peu à peu, ton souffle se fait
silencieux et ton corps s'alourdit.
C'est à ce moment là que je m'endors.
Puis il y a le réveil. Pénible. Je suis tiraillée
entre l'envie de dormir encore et d'oublier que l'on est aujourd'hui,
l'envie de me lever, de m'activer, de ne pas perdre de temps pour
croquer les premiers rayons de soleil dehors, l'envie de te réveiller
aussi...
C'est toujours la première de ces solutions qui m'emporte, qui nous emporte. Paressons, on se lévera bien assez tôt.
Je ne veux pas me lever aujourd'hui.
Je n'aime pas ça.
C'est le quatrième déjà, le quatrième de ces réveils-là.
Je sors juste de la douche quand tu ramènes ton fils.
Je
m'habille, il gazouille. Ses yeux bleus rient et dévorent tout ce qui
l'entoure. Il a grandi encore: sa petite tête tient déjà moins du bébé
et plus de l'enfant. Sa main tâte maintenant, plus qu'elle ne serre. Et
il sait dire "Maman". Il le répète en grognant quand il pique une petite colère.
J'imagine la mère en question lui apprendre ce mot. C'est toujours, ou presque, le premier (il est vrai que le héros du Parfum
a dit "poisson" lui... m'enfin ce n'est qu'un roman). J'imagine son
sourire fier et triomphant les premières fois que ces syllabes
sortirent distinctement de cette petite bouche rouge. J'imagine son
attendrissement lorsque le poupon traduit ce "ma" et ce "man" en un
appel, une réclamation impérieuse...
Je pleure, je râle, je
dis "Maman". Je me fous qu'elle ne soit pas là. Je ne sais simplement
pas encore dire autrement que j'ai besoin de vous.
Bref, je communique.
Je n'aime pas tant imaginer tout ça... D'ailleurs si ça se trouve j'imagine mal. Pis j'aimerais mieux qu'il dise "Papa".
J'émerge. Je me met à réunir mentalement les affaire à emmener. Ca ira
vite. Il n'y a pas grand chose et j'ai mes marques à présent. Je dois
m'habituer...
Ya pas à dire je n'aime pas ça.
J'embrasse
la pièce du regard pendant que nous petit-déjeunons. Je m'imprègne de
ta présence. Difficile de s'en imprégner davantage Oo
Bien sûr,
j'ai envie de rester. De m'occuper du ptiot, de m'occuper de nous. De
nous aérer, de profiter de cette belle journée avec vous deux. Pas le
temps. Je range mes affaires, ferme ma valise.
Tu habilles ton fils. Nous n'avons pas trop de temps à perdre en derniers calins. Tant pis, en voiture tout le monde!
C'est vraiment une belle journée qui se prépare ici.
De
la brume sur les montagnes. Les rayons du soleil glissent dessus et
m'éblouissent. J'en profite encore les quelques minutes du trajet
jusqu'à la gare. "Sois pas triste!". Je suis triste, c'est comme ça. Je
me force à sourire quand tu me regardes dans le rétro.
Je sais bien que cette fois peu de temps nous sépare. Quatre pauvres nuits.
Je
n'ai seulement pas envie de les passer loin de toi. Seulement pas envie
d'affronter le regard de la famille, les remarques acérées de ma mère
qui, en bonne mère, se rend compte que sa fille peu à peu lui échappe,
que sa fille n'est plus autant à elle qu'autrefois et qu'elle le sera
de moins en moins.
Je n'aime pas ça non plus.
C'est mon quatrième retour, aussi...
Nous
y sommes. Tu me déposes juste, tu fumes (RAAAAAHH !! Que je n'aime pas
ça ! ... oups :x), tu m'embrasses, tu me fais sourire. Tu ne peux
toujours pas m'accompagner au quai, ce n'est pas cette fois le boulot
qui t'attend, mais le bib de Wan. C'est pas grave va.
On se revoit
dans quatre petits jours. Pourtant j'ai l'impression de t'abandonner.
Généralement ce n'est pas moi qui ai cette impression-là...
Je dois y aller, je n'aime pas ça.
Allez go!